Mercredi 24 septembre, 11 h 30, le facteur sonne, d’habitude il pose le courrier dans la boîte aux lettres, il y a donc quelque chose de spécial.

Mon facteur est un jeune homme éternellement triste. L’est-il réellement ?

J’ouvre le portail et le rejoint. Il tient à la main une lettre recommandée adressée à mon épouse. Celle-ci est au travail. Un instant d’hésitation. Doit-il me la faire signer ? Finalement, on se connaît bien et il accepte ma signature.

La réception d’une lettre recommandée est toujours marquée par un moment d’inquiétude et de solitude. Qui peut ainsi adresser une lettre en utilisant ce moyen impliquant inévitablement le destinataire malgré lui.

Au dos de la lettre, je distingue le tampon de l’entreprise de mon épouse.

Quand j’ai cessé mon activité d’artisan, nous avons tous deux retrouvés un emploi de salarié, elle dans une entreprise de taxi-ambulance et moi dans une boulangerie industrielle spécialisée dans le bio. ( bio et industriel ! Bon ! C’est un autre débat ! )

Depuis 6 ans, donc mon épouse travaille dans cette entreprise où elle partage son temps entre des travaux administratifs et des courses en taxi, tâche pour laquelle à 52 ans elle a passé une licence de chauffeur de taxi.

De nature pessimiste, je devine à l’avance ce que contient cette lettre. Je l’ouvre avec difficultés. Je déplie la feuille. Mes yeux refusent de saisir les quelques lignes. Je dois les contraindre pour qu’ils acceptent de déchiffrer les mots qui indiquent à mon épouse, que pour des raisons économiques, l’entreprise doit la licencier et que pour cela on lui propose un entretien le 3 octobre à 9 h.

Ainsi donc, pour parer à ses difficultés économiques, l’entreprise a choisi de licencier la plus âgée de l’entreprise comme ça, arbitrairement.

Voilà, je pourrais à partir de ce fait banal, personnel, me poser la question de savoir ce qu’est devenue cette société qui rejette inexorablement ses vieux.

Cette société qui ne veut plus les voir car ils sont des miroirs dans lesquels chacun a peur d’être dans l’obligation de se regarder.

Ps : veuillez bien me pardonner de cet étalage de ma vie personnelle.

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Une réponse "

  1. leunamme dit :

    Mais vous n’avez pas à vous excuser. Vous êtes en colère contre une décision que vous trouvez à juste titre injuste, voire honteuse.
    Mais ce sont ceux qui ont pris cette décision, pour plus de profit probablement qui devraient s’excuser.

    Je vous souhaite bon courage, à vous et votre épouse, et ne baissez pas les bras.

  2. Lidia dit :

    Ce blog t’appartient, il doit rester ton espace de liberté. Je trouve touchant que tu parles des choses de la vie. Il n’y a rien de plus touchant que les choses véritables de la vie.
    Je suis désolée pour vous deux en fait et je rejoins tous les propos de leunamme.

  3. jacques dit :

    Eh bien moi aussi, je rejoins les propos de Leunamme.
    Mais je suis surpris que vous soyez surpris de ce qui vous arrive.
    Eh non, ça n’arrive pas qu’aux autres….
    Je n’en dirai pas plus pour ne pas vous froisser ni froisser vos lecteurs.
    Bon courage. Car je sais ce que c’est, mon ex-femme a été licenciée dans les mêmes conditions du temps de notre mariage, ma nouvelle compagne également…

    jf.

  4. helenablue dit :

    Aïe , c’est dur et injuste …
    la vie est parfois cruelle …

    et vous n’avez pas à vous excuser , Lidia a raison …
    bon courage à vous deux devant cette épreuve …

  5. Polipoterne dit :

    J’l’ai toujours dit crévindiou !
    Faut flinguer les facteurs !

    Bon courage à vous deux…

  6. motpassant dit :

    Merci à tous pour vos encouragements.

  7. Hervé Suchet dit :

    Gagnez-vous votre vie correctement? Avez-vous des enfants en charge? Des traites? Réduisez au maximum la voilure, apprenez seuls à vivre ce pour quoi personne ne reçoit et ne donne de formation. Sauvegardez-vous un espace de possible. Soyez lucides avec les institutions, ne vous laissez jamais démonter par elles, déstabilisez-les quand elles vous rejettent. Sachez qu’il y a quatorze millions de pauvres, vous n’êtes pas isolés. Seuls les crétins profonds n’ont pas compris que nous sommes tous dans la merde. Si vous le pouvez, refusez de faire de nouveaux sacrifices pour ceux qui possèdent plus que vous et veulent continuer à posséder plus que vous, dites-leur que vous feriez encore des sacrifices mais seulement au profit de ceux qui ont moins que vous désormais.
    N’oubliez jamais que c’est très dur et n’épargnez à personne ce qu’il vous faut vivre dès lors qu’ils l’ignoreraient, refuseraient de le voir.
    Tenez bon, soyez déstabilisants même quand vous êtes déstabilisés.
    H.S.

  8. Annie dit :

    j’ai vécu ça, les malheurs ne faisaient que commencer, ils ne sont pas fini bientôt 20 ans plus tard. Mon fils n’a plus jamais voulu me voir, ma famille me méprise, je suis pauvre, et m’apauvris de mois en mois, et je vieillis, comment vont être mes futurs jours, j’en frisonne de peur, je me bats comme je peux,….

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